Une enquête sur notre regard sur un monde qui change.
Publié le 6 juin 2025
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Lecture 12 minutes
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L'analyse suivante s'appuie sur les données de l'enquête Que voyons-nous ?
Nous vous recommandons d'y répondre avant de prendre connaissance de ce qui suit.
Les résultats présentés ci-dessous ne comprennent aucune donnée personnelle. Si vous avez laissé votre email lors de votre participation à l'enquête, nous vous faisons parvenir par email le rappel de vos réponses et votre profil de connaissance (écart-type).
« Donnez un marteau et un ciseau à bois à un garçon, montrez-lui comment les utiliser, il commencera immédiatement à modifier les montants de portes, à enlever les stores vénitiens et les croisillons de fenêtres, jusqu'à ce que vous lui enseigniez un meilleur usage et comment rester dans les usages prévus ».
Cette amusante observation d’un journal anglais à la fin du XIXe siècle est l’une des premières références à la loi de l’instrument. Vous la connaissez peut-être sous la formule : « Il est tentant, si le seul outil dont vous disposez est un marteau, de tout considérer comme un clou. » (Maslow, 1966).
Le philosophe Kaplan analyse : « Nous avons tendance à formuler les problèmes de façon que nos connaissances ou matériaux à notre disposition soient le plus adaptés à les résoudre ».
C'est ce que l'on appelle le biais de spécialisation, qui consiste à restreindre un sujet à nos propres expertises (ou à nos marottes). On le démasque facilement dans certaines postures politiques - quel que soit le sujet, « c'est la faute de (...) ».
Cette enquête s'attache à nous permettre de mieux comprendre notre profil (connaissances, attitudes, opinions) pour appréhender les biais qui affectent notre regard - et celui des autres. Comparer ce que nous voyons à ce que les autres voient, c'est aussi une manière de se demander : qu'est-ce que nous ne voyons-pas ?
On commence ?
Le 5 de l'un valant peut-être le 8 d'un autre, cette question permet avant tout une analyse comparée :
Si 92% des répondants jugent leur culture générale correcte (≥ 5), seuls 2% l'estiment très élevée (≥ 9).
Ni ignorants, ni véritablement sachants, sommes-nous dans la zone de risque de la connaissance ?
L'effet Dunning Kruger désigne le biais par lequel les personnes les moins qualifiées dans un domaine ont tendance à surestimer leurs compétences.
Il décrit l’illusion de compréhension : on a assez entendu parler d’un sujet pour croire qu’on le maîtrise, sans en percevoir les subtilités. À l’inverse, ceux qui ont approfondi distinguent clairement ce qu’ils ignorent encore.
Relevons également que :
Les domaines considérés comme les mieux maitrisés sont ceux qui font régulièrement l'actualité. Les disciplines plus "scolaires" semblent (paradoxalement ?) moins bien maitrisées.
Cette lecture des réponses par les moyennes est complétée par l'approche des écarts-types par discipline (voir ci-dessous). Si la Technologie a le même niveau de maitrise moyen que l'Environnement, elle représente une situation plus contrastée.
Cela reflète possiblement les efforts de pédagogie faits depuis quelques années par les acteurs environnementaux - quand les innovations technologiques sont davantage présentées sous l'angle de leurs fonctionnalités (et donc pas nécessairement "comprises").
L’écart-type est une mesure de la dispersion des réponses autour de la moyenne. Un écart-type faible signifie que les réponses sont homogènes. Un écart-type élevé indique des réponses éparpillées.
Par exemple, et sans entrer dans le détail de la formule, observons deux groupes de 4 élèves présentant une moyenne de groupe de 5/10 :
a) Les notes sont homogènes : 4, 5, 5 et 6. L'écart-type est de : 0,7.
b) Les notes sont très variées : 1, 3, 7 et 9. L'écart-type est de : 3,2.
Le calcul de l'écart-type des réponses de chaque participant permet une approche de son profil de connaissances. Un écart-type faible indique un profil plutôt généraliste, quand un écart type élevé indique un profil plus expert.
Si vous avez laissé votre email en répondant à l'enquête, retrouvez votre "écart-type" dans le pdf que nous vous avons envoyé.
Voici comment se répartissent les profils des répondants :
Les déciles partagent une série de données en 10 parties d'effectifs égaux et ordonnées.
Ainsi dans notre exemple ci-dessus :
- 10% des répondants ont un écart-type inférieur au 1er décile
- 10% des répondants ont un écart-type compris entre le 1er et le 2e décile, etc.
(Vous noterez que le 5e décile correspond donc à la médiane - autant de répondants en-deça qu'au-delà).
Ces notions sont généralement considérées comme à la base de la compréhension des enjeux environnementaux, technologiques, économiques et sociétaux actuels.
Au reste, elles sont relativement familières à la plupart des participants, comme en témoignent les moyennes plutôt élevées. Mais familiarité n'est pas maitrise (réponse Oui, je suis sûr(e)) :
L'effet de serre est causé par certains gaz présents dans l’atmosphère et qui retiennent une partie de la chaleur renvoyée par la Terre. C’est un phénomène naturel, mais l’excès de gaz à effet de serre dûs aux activités humaines accentue le réchauffement climatique.
Selon la sélection naturelle, dans un environnement donné, les individus qui présentent des caractéristiques avantageuses ont plus de chances de survivre et de se reproduire. Ces caractéristiques se transmettent donc davantage, ce qui fait évoluer les espèces au fil du temps.
ChatGPT est entrainé, à partir d'une grande quantité de textes, à prédire le mot le plus probable à chaque étape d'une phrase. Il a donc une approche statistique du langage.
La philosophie des Lumières (par opposition au supposé obscurantisme du Moyen-âge) est un courant de pensée du XVIIIe siècle, qui valorise la raison, la liberté de penser et le progrès des connaissances pour améliorer la société.
Le roulement de la dette désigne le fait d'emprunter de l'argent pour rembourser les emprunts qui arrivent à échéance. Comme un crédit que l'on prolongerait indéfiniment.
Voici le détail des réponses (les réponses correctes sont en bleu foncé) :
Notons que les questions portaient sur les ordres de grandeur - les propositions étaient largement "espacées".
Pourtant les réponses individuelles montrent une maitrise globale limitée : 3 bonnes réponses en moyenne, très peu de répondants ont trouvé 5 bonnes réponses ou plus.
Ces résultats interrogent notre socle de connaissance. Cela peut sûrement prêter à discussion mais :
Quelles sont les connaissances élémentaires que le plus grand nombre devrait partager ? Quelles sont nos connaissances communes ?
Il était rappelé qu'il n'y aurait ni classement, ni score. Pourtant, la proposition Je ne sais pas a été largement délaissée.
Préfère-t-on dire n'importe quoi que "Je ne sais pas" ?
Si la vitesse du changement peut parfois déconcerter, la majorité des répondants reste alerte et curieuse, consciente de ses limites.
Malgré cela, le poids des habitudes reste puissant :
Le monde change. Si nos connaissances ne suivent pas le rythme, que valent nos opinions ?
Nos opinions ne reposent pas toujours sur des fondements rationnels. Une majorité des répondants est plutôt ou complètement d'accord avec le fait :
La confiance dans les « autorités » reste toutefois importante, une très large majorité affirme faire davantage confiance à un expert qu'à son propre jugement.
En 20 ans, les réseaux sociaux, la TV à la demande et les jeux vidéos ont trouvé plusieurs heures dans nos quotidiens chargés. Pourquoi la connaissance n'y parvient-elle pas ?
Les répondants s'accordent à penser que le monde devrait encore changer davantage dans les années à venir.
Pour le meilleur ? C'est assez incertain au regard des résultats qui précèdent.
On relèvera notamment que près de la moitié des répondants pensent même que leurs jobs pourraient être remplacés par une IA.
Si le futur ne fait plus rêver, qu'est-ce que cela change dans notre rapport au monde et aux autres ?
L’idée de progrès — celle d’un avenir meilleur que le passé — est relativement récente.
Elle prend forme en Europe entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, portée par les sciences, les Lumières, et l’industrialisation. C’est l’idée d’un progrès linéaire : plus de savoirs, plus de richesses, plus de maîtrise.
Mais ce récit n’est pas universel. Dans la tradition antique, le temps est une chute depuis un âge d'or, un paradis perdu, qu'il faudrait retrouver. D'autres civilisations ont une vision cyclique du temps : ce qui est a déjà été, et sera à nouveau. Il ne s'agit pas d'avancer mais de revenir à l'équilibre.
Ces 4 défis, en premier lieu la crise environnementale, vous rendent plutôt pessimistes mais pas catastrophistes.
À partir des réponses de chacun, nous avons fait une moyenne pour savoir s'il était plutôt pessimiste ou optimiste : voici les résultats :
L'avenir inspire des sentiments ambigus, comme le "podium" des réponses l'illustre.
Ces mots, qui reflètent notre état d'esprit, caractérisent-ils également notre comportement ?
L'historien Robert Kagan suggère un corollaire à la loi de l'instrument « Quand vous n'avez pas de marteau, rien ne ressemble à un clou ».
C'est une bonne façon de signifier la raison d'être de Polaris.
Ce que l'on ne voit pas n'est pas forcément caché. Souvent, il nous suffirait juste d'apprendre à le reconnaître. Bon discernement à tous !
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